
Alléluia mes frères et sœurs, la grande messe du whisky a eu lieu ce lundi 26 septembre 2016 aux Docks, c’était l’occasion de prétexter une dégustation pro et de se mettre un bon coup dans le nez à la Cité de la Mode et du Design. Je vais essayer de retracer mon état de sobriété pour vous résumer ce qui m’a plu ou moins plu.
Alors on recrache et on garde 5% histoire de voir la rétro… la rétro? reKésako ? la rétro-olfaction consiste à boire un peu du breuvage afin que la dégustation confirme et apporte des arômes complémentaires à ce que votre nez avait perçu précédemment. Easy ! Une définition plus approfondie pour ceux qui veulent en jeter plein la vue lors de leur prochain dîner.
Le site internet du Whisky Live : http://www.whiskylive.fr/
Début des festivités : 10h au taquet !
J’ai fini de préparer mon fils et m’apprête à partir, j’ouvre la porte et sur qui je tombe ? Mon père, qui tient visiblement à être mon acolyte anonyme de dégustation. On dépose mon fils, puis je lui fais un brief de l’événement dans le métro.
Quelques chiffres sur le Whisky live en 2015 :
- sur plus de 15000 m²,
- environ 8000 visiteurs,
- 800 whiskies et fine spirits en dégustation,
- 200 nouveautés présentées en avant-première ou lancement mondial,
- un étage consacré au cocktail street avec le grand bar cocktail et son ambiance unique, l’exclusif, l’ultra-VIP Le Trench from Tokyo (こんにちは Le Trench). Tout simplement un des meilleurs bars à cocktail du monde si ce n’est le meilleur.
Pour moi, c’est Noël avant l’heure avec tout ce que j’aimerai déguster disponible à l’œil. Mais je vois mon père, de moins en moins emballé avec mes explications — « non mais rassure moi, on va en goûter 2/3 et puis après on se balade ??? » Et moi, hyper rassurant : « oui papa, 2/300 bien sûr, après mes papilles fatiguent avec ses volumes d’alcool élevés ».
Une fois arrivé et café + cookies avalés, on fonce dans le tas – les stands pardon – direction La France.
1ère partie : le Pavillon Français
La distillerie des Menhirs
Première dégustation, Eddu ou la distillerie des Menhirs avec comme particularité : c’est 100% blé noir (Eddu en breton, ça fait tilt !? L’étiquette en revanche n’est pas hyper emballante, très…bretonne. Dédicace à mes amis bretons). C’est original, mon père comprend de suite ce que j’essayais de lui dire : on a beau avoir bu les whiskies multi-médaillés, on est loin d’avoir fait le tour.
Nous y dégustons :
- le Silver : vous croquez du blé noir avec de l’écorce d’orange, très original la première fois.
- le Silver brocéliande : plus boisé/toasté avec de beaux arômes de vanille et de fruit sec conférant de la sucrosité.
- le Double maturity cherry cask finish : Création spéciale pour les 60 ans de la Maison du Whisky, plus sec, tendu avec un coté eau de vie à la cerise qui ressort directe, fût de Xérès oblige.
- le Gold : 10 ans, fût de cognac, plus de rondeur, d’équilibre entre les arômes, riche, long : très joli whisky. J’adore ce dernier, peut-être le plus simple d’approche pour quelqu’un désirant essayer cette distillerie car le moins atypique.
- Le Diamant : 15 ans, dégusté au Salon France Quintessence, une main de fer dans un gant de velours… Des épices et du fruit bien mûr: magnifique et bouteille superbe! Moins de 350 bouteilles produites et vendues dans les 240€ TTC.
La charmante jeune fille « manageant » notre dégustation nous propose ensuite de découvrir une nouveauté, un whisky d’apéritif, à boire frais : Ed Gwenn — céréale blanche en breton, on ne les refait pas. Que dire : j’ai l’impression d’avoir mis mon nez dans du beaujolais nouveau pétant la banane haribo ! En bouche, c’est sensiblement pareil : de la banane, de la poire, de la fraîcheur et une envie de… ne pas y revenir. Trop spé pour moi : Next !
Le Domaine des Hautes Glaces
La deuxième dégustation nous amena chez un Domaine bio bien connu : Domaine des Hautes Glaces. Béret sur la tête, bretelle et moustache : pour la photo stéréotypée, arrêtez-vous, il ne manque que la baguette et le saucisson. En revanche, hyper sympa et disponible dans cette cohue.
Seulement deux whiskies dispos — après la première dégust’, mon père me demandait déjà si on allait déguster toute la gamme :
- Le Moissons : produit en système de soléra à la champenoise – on garde une base et on rajoute chaque année un peu de la nouvelle production afin de mélanger toutes les années en gros – avec un single malt de 3-4 ans, l’orge à fond, rond avec une pointe de sucrosité en finale, limite un peu de poire — Sympa
- le Old Ryno : un Rye Whiskey c’est-à-dire à base de seigle, plus sec, sur les épices. Hyper original, un whisky de bonhomme !
G-Rozelieures
Palais affûté, on se lance à l’assaut du 1er whisky lorrain : G. Rozelieures. J’avais particulièrement apprécié leurs versions fumées et tourbées que je désirais absolument faire découvrir à mon père.
Tout d’abord la version :
- Fumé collection : fût de xérès, tourbé à 25ppm de phénol — et bim là je viens de vous perdre, je vous laisse chercher un peu et me laisser un commentaire expliquant ce que c’est à tous les lecteurs. Le premier qui le fait, je l’invite à venir déguster un des whiskies mentionnés dans l’article — En entrée bouche, il y a un coté combustion d’allumette — vous savez cette odeur lorsque qu’on frotte l’allumette et qu’elle prend feu, hein ? — un joli boisé imposant ce coté fumé très agréable et des arômes de céréale… Ça me plait dans son approche facile.
- Tourbé collection : fût de bourbon, toujours à 25 ppm, très plaisant et différent des tourbés que l’on peut rencontrer de l’autre coté de la manche — Sympa.
Uberach et Biersky
Pour conclure le pavillon français, j’ai gardé le meilleur pour la fin ou, de mon point de vue, celui qui m’a le plus surpris #vivelalsace : Uberach et Biersky présenté par Mr Jean Metzger.
Après une première rencontre au Salon France Quintessence enrichissante, je viens déguster les autres bébés de sa gamme que je ne connais pas :
- Single Cask : fût de Banyuls second remplissage, 45.2°, légèrement fumé et vanillé.
- Single Cask : sauf que dans cette version il est brut de fût (on passe de 45.2° à 55.8° mine de rien), plus rond, riche, fruits secs et grande longueur… Ça brûle un peu sur la langue tout de même en finale : un boxeur !
- Cask Bleu : 10 ans, 45.3°, très doux, un arôme de yahourt, savoureux, hyper agréable en bouche, une pointe de sucrosité et de fruit en finale.
- Cask Jaune : 8 ans, fût de vin jaune du Jura 1er remplissage, florale, arôme de noix, belle acidité, tendu et fin de bouche très plaisante.
- Cask Vert : 6 ans, 57.3°, fût neuf puis 1 an dans un fût de pinot noir de la DRC, comprenez Domaine de la Romanée Conti, la légende…, total bio, miel, jasmin, verveine, la fleur et très spiritueux dans sa finale — le plus jeune Jean me confit qu’il faut attendre encore un peu pour qu’il développe des arômes plus complexes — Pour ma part, j’ai aimé. Peut-être est-ce l’étiquette, qui sait.
2ème partie : le reste du monde
Les français dégustés et un père avec la langue en feu, je décide – à tort – d’aller me pencher sur le pavillon asiatique et ses whiskies plus « modernes » et « ronds » avec des « ambassadrices » chez Kavalan qui se contentent de servir, donner une brochure ou donner un prix en réponse à chaque question — je demande « combien de degré ? » — elle me répond « 126 » — « euhh… » — Elles n’y connaissent pas grand-chose ou bien c’est l’anglais qui posait problème… Chichibu et Mars proposèrent de jolies choses mais pas de coup de cœur.
Hellyers Road
Je décide d’aller découvrir la gamme d’un domaine Tasmanien que je connais déjà car je distribue leur version Pinot Finish Hellyers Road
Leur gamme se compose de 4 whiskies dont voici les 3 dégustés:
- Original : 7 ans, 46.2°, un nez très compoté sur la pomme, la poire, bien frais, très facile d’accès et parfait pour les fins d’après-midi sur sa terrasse. Vraiment sympa, j’ai beaucoup aimé.
- Original 10 : 10 ans, 46.2°, nez plus complexe et rond, moins sur le fruit et plus sur des notes de grain de café. Egalement très facile d’approche.
- Slightly Peated (5%): composé de whiskies vieillis en moyenne 7 ans et quelques-uns 12 ans, très orienté sur le fruit, bouche légère. Très fin.
Compass Box
Une fois cette aparté australienne finie, je me dirige vers une distillerie écossaise chaudement recommandée par un ami: Compass Box. Et que ma surprise fut belle, mes coups de cœur numéro 1 et 2 sont de chez eux, leur mentalité sur une transparence totale des informations couplée à la passion de son fondateur vous donne une success story fabuleuse et des whiskies d’une qualité… Incroyable!
Et que dire des étiquettes: de véritables œuvres d’art. Je suis FAN! En avant pour une découverte dont je me souviendrai longtemps:
- Whisky de Table : 40°, crée spécialement pour les 60 ans de la Maison du Whisky, 10% peated, il est fait pour vos apéros. Fraîcheur, vanille, citron, légèrement fumé, très suave en bouche. Du pur plaisir! Un régal à servir frais.
- Hedonism : 43°, assemblage de whisky entre 13 et 26 ans, sur la vanille, le caramel et la noix de coco. Très fin et hyper facile d’approche. De la dentelle.
- Spice Tree : 46°, fût français pendant 2 ans, entre 9 et 10 ans, plus rond avec une bouche riche et épicée. Tout de suite, on sent que nous montons en puissance comparé aux deux autres.
- Spice Tree Extravaganza : 46°, une édition limitée de la cuvée précédente, plus marquée en terme d’épice, cerise bien mûre et quelle longueur. Superbe!
- 3 Old Deluxe : 49.2°, deuxième édition limitée du jour, 0.4% de whisky de 3 ans et le reste beaucoup beaucoup beaucoup plus vieux, un premier nez d’une note que je n’arrive pas à définir, puis arôme de cendre, légèrement peated, une complexité folle qui dépasse tout ce que j’ai dégusté aujourd’hui… De temps en temps, une bonne claque vaut tous les mots de la terre: exceptionnel!!!
- Enlightenment : 46°, troisième et dernière limited edition, un nez sur le fruit (poire), bouche plus tendu et sec (épice), une sensation de brûlage sur la langue… Moins fan et moins mon style.
Podium final
Que dire de plus sur ma dégustation du jour:
- N° 1: 3 Old Deluxe de Compass Box – écossais – Hors Classe
- N°2: Spice Tree Extravaganza de Compass Box – écossais – l’épice dans tous ses états
- N°3: Whisky de Table de Compass Box – écossais – que du plaisir
- N°4: Cask Jaune & Cask Vert d’Uberach – français – whisky et vin n’ont jamais été aussi copains
- N°5: Original d’Hellyers Road – tasmanien – de beaux fruits bien mûrs
Ma déception : Les whishies asiatiques qui n’ont pas tenu face à une concurrence de plus en plus féroce.
Cocorico : Nous faisons des whiskies hyper sympa en France que je trouve encore trop méconnus.
Et vous, qu’attendez-vous pour déguster ces jolies pépites et partager votre ressenti..?
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